Les Ocres

Et, tout d'abord, un zeste de géologie ! Il y a longtemps,  ce qui allait devenir la Provence, était sous l'eau. Les sédiments marins s'accumulèrent pendant des millions d'années. C'est ainsi que se déposèrent successivement des calcaires blancs, des argiles grises et des sables de couleur verte chargés en glauconie (argile marine riche en fer). Puis, à la suite de mouvements tectoniques, la Provence émergea et un climat tropical s'installa. Des pluies diluviennes  altérèrent les sables verts qui donnèrent des sables ocreux puis blancs. Des kaolinites  (silicates d'alumine) cristallisèrent, pigmentées par de la goethite (oxy-hydroxydes de fer), de la limonite (hydroxyde de fer), de l'hématite (oxydes de fer) qui donnent sa richesse à la palette de couleurs observées dans la nature du massif des ocres.


Les usages de l'ocre

L'ocre apparaît  ainsi comme une argile pure colorée par différents pigments et amalgamée à du sable (quartz). Une fois séparée du sable, elle est utilisée essentiellement pour ses propriétés colorantes et couvrantes. Les artistes préhistoriques de la grotte de Lascaux l'utilisèrent dans leurs peintures pariétales. Les embaumeurs égyptiens en firent usage pour éviter le noircissement de la peau des momies. Plus près de nous, citons les utilisations dans la construction de bâtiments, les peintures, les colorants alimentaires, la fabrication de papiers peints,  la coloration du caoutchouc, les cosmétiques, etc....


L'extraction de l'ocre

A Rustrel, l'extraction du minerai se faisait à ciel ouvert. Pour cela, on déboisait le sol, on retirait la couche stérile et une couche ferrugineuse qui couvrait le minerai. Ce dernier était ensuite attaqué au pic et/ou à l'explosif. L'eau (disponible sur place grâce à une source et des bassins de rétention ou pompée dans le lit de la Doa) jouait un rôle essentiel dans la suite des opérations. On l'utilisait pour "laver" le minerai au jet, pour transporter par gravité le mélange "eau-minerai" ainsi obtenu au moyen de ruisseaux et de fossés dans lesquels le sable (plus lourd) se déposait progressivement. L'eau, chargée d'ocre, était conduite jusqu'à un bassin de décantation où la séparation de l'eau et de l'ocre se produisait par sédimentation. Chaque matin, on vidait l'eau "claire" qui surnageait dans le bassin avant d'admettre une nouvelle quantité d'eau chargée en ocre. Peu à peu, le bassin de décantation se remplissait. Lorsque la couche d'ocre atteignait une quarantaine de centimètres, on ne remplissait plus le bassin et on laissait le vent et le soleil faire leur oeuvre.

A la fin mai, le dépôt d'ocre avait la consistance du beurre. On griffait la surface, à l'aide d'un outil qui prédécoupait les mottes d'ocre, ce qui évitait les craquelures et facilitait la dessication. Les mottes étaient sorties et empilées en attendant leur transport à l'usine pour le traitement final : cuisson au four, broyage et tamisage avant commercialisation.

Voir aussi : Le lavage des ocres à Rustrel


Quelques dates et chiffres

Le premier chantier s'ouvre en 1871. L'exploitation s'étend et atteint le nombre de 22 chantiers en 1925, fournissant du travail à 84 ouvriers qui extraient 40 000 tonnes d'ocre. Peu à peu, la concurrence des produits de synthèse et des colorants artificiels a raison de cette activité industrielle. Le dernier chantier rustrélien ferme en 1992.


Colorado Provençal

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